Il en a fallu du courage à ces étudiants du BTS MGTMN du Caousou pour pénétrer dans les entrailles du glacier d’Arcouzan !

Jeudi 7 octobre 2021, après 1 300 mètres d’ascension vers le refuge des Estagnous tous les membres de la mission ont passé leur première nuit au refuge. Les ablutions dans le lac des Estagnous avec une eau à 7°, pour les plus valeureux des géomètres, ont revigoré les corps déjà épuisés par cette première étape.

Il est déjà 19 h et les assiettes bien remplies de soupe fumante réchauffent les carcasses frigorifiées. La journée de demain sera épuisante, il faut reprendre des forces.

La montre sonne à 5 h, il faut quitter le cocon chaud du duvet pour un bon petit déjeuner. Les sacs à dos se remplissent rapidement, pique-nique, gourdes, trépied, batteries, crampons, scanner 3D, GNSS, canne, piolet, prisme, veste, baudrier et casque sans oublier la frontale, car avec un départ à 6 h il faudra se frayer un chemin dans nuit jusqu’au col de Pécouch. Aurore prendra la direction du mont Valier à 2 838 mètres d’altitude, Manuel et Rémy celle du glacier.

Casque sur la tête, les premiers rayons du soleil éclairent enfin les sommets du mont Valier. L’équipe atteint après deux heures de marche le col du Petit Valierat.

Les cordes sont en place et les baudriers enfilés. Le pivot GNSS trône maintenant au col.  Une descente d’une heure attend les étudiants entre gispet (fétuque eskia) et rochers pour enfin poser le pied sur la moraine du glacier. Il est 9 h30 et le soleil éclaire péniblement la moitié du glacier fortement crevassé cette année.

L’équipe de TOPCON met en place le scanner 3D et celle de TERIA déploie le système GNSS. Rémy et Manuel mettent la main à la pâte entre prisme, scanner et GNSS. Les trois glaciologues prélèvent des carottes et plantent des piges qui seront relevées au GNSS. L’objectif est de mesurer le déplacement du glacier par comparaisons lors de la prochaine mission.

Après s’être afféré au bord du glacier, les crampons sont effilés (pour la première fois) et nos deux valeureux étudiants pénètrent dans les entrailles du glacier par une petite cavité. Bruno COLAS ouvre la marche. Les conseils sont donnés pour un déplacement en toute sécurité dans ce milieu hostile. La glace nous encercle. Des crevasses béantes au-dessus des têtes défilent. Des stalactites transparentes surplombent les casques et les reflets bleutés de la glace vive nous stupéfient. Enfin c’est le bout du tunnel, le pic du Montcalm (3 077 m) et la pique d’Estats (3 143 m) se détachent à l’horizon.

Aurore, qui a pris la direction du mont Valier, domine de plus de 300 mètres l’équipe en contrebas.

13 h 30, le glacier est déjà dans l’ombre depuis plus d’une heure, il est temps de quitter ce monde glaciaire et féérique.

Les bras et les cuisses sont en feu pour remonter les 150 mètres de parois. Quelques pierres terminent leur course plus bas après de multiples rebonds qu’il faut parfois anticiper. Après tout va vite, redescendre les 30 mètres de cheminée, traverser les 500 mètres d’éboulis enneigés pour enfin quitter les équipements qui rejoindront le sac à dos. La crête de Pouech franchie, nous retrouvons la chaleur du soleil couchant. Les pieds souffrent dans la descente entre les blocs, les dalles glissantes et le gispet. Un dernier effort pour atteindre le refuge, Manuel est exténué.

Les esprits sont joyeux, mais les corps meurtris. Un vin chaud fume dans la main des montagnards alors que le soleil se couche sur les 3 404  mètres de l’Aneto. C’est l’occasion d’une photographie regroupant six étudiants (anciens et nouveaux) du BTS MGTMN du Caousou (Aurore, Manuel, Rémy, Jean-Sébastien, Aurélien et Philippe).

La soirée est animée, les conversations fusent. Entre récits de montagne et missions topographiques du bout du monde, les ariégeois entament un Se Canta de Gaston Phébus qui résonne dans tout le refuge.

Il est temps de regagner les duvets pour un repos bien mérité.

Samedi matin après 4 heures de descente, nous retrouvons la maison du Valier. Le temps de se rafraîchir et toute l’équipe partage un dernier repas convivial. Les étudiants garderont en tête toute leur vie cette belle expérience au cœur de l’Ariège.

Dans les prochains jours, les données seront exploitées par les étudiants du BTS MGTMN du Caousou, certainement l’occasion d’une soirée de restitution avec les principaux acteurs de cette belle aventure.