Lundi 1ᵉʳ décembre, malgré un froid bien vif, un rayon de soleil est venu illuminer l’inauguration de la mosaïque réalisée par les élèves hellénistes de 1e et de terminale de la promo 2024-25, accompagnés par l’artiste Marianne Donon. Professeurs, personnel, élèves, membres de la Fondation et de l’APEL étaient présents pour découvrir cette œuvre qui orne désormais l’entrée de l’oratoire.
Monsieur Goulut, Véronique Bernard, Grégoire Moine et moi-même avons fait un petit discours pour rappeler le sens de cette mosaïque, tant dans ses motifs que dans l’acte même de l’avoir créée, puis le rideau qui la dissimulait a été levé…accompagné de nombreux « ouah! » et applaudissements. Les élèves étaient particulièrement fiers, et heureux de voir leur œuvre finie.
Pour prolonger la fête, un buffet grec très gourmand, préparé par les élèves et, grâce à la générosité de l’Apel, par le fabuleux restaurant grec La Fille de Zorba, a réchauffé et régalé tout le monde. Un kahoot sur les éléments appris lors des discours a permis à ses gagnants, une équipe d’hellénistes, de repartir fièrement avec un calendrier de l’Avent… écrit en grec !
Cette mosaïque restera là pour longtemps : c’est un petit morceau de mémoire collective, un symbole de beauté et de paix que les élèves laisseront aux générations futures. Vivement la prochaine !


Lors de la dernière inauguration, alors que je citais gaiement quelques mots de grec ancien, j’ai bien vu que vous ne compreniez pas grand-chose.
Vous voilà donc, sacrés chanceux, avec un petit cours de grec offert comme cadeau de ce premier jour de l’Avent.
Commencons par quelques mots de grec ancien, qui représentent bien ce pourquoi nous sommes réunis aujourd’hui: πολλὰ μικρὰ μέγα ποιεῖ —beaucoup de petites choses font quelque chose de grand.
Et c’est exactement ce que vous avez fait, chers élèves : des milliers de tesselles, des centaines de coups de marteline, des dizaines de petites mains… pour une œuvre commune… et quelle oeuvre !
Très bientôt, vous découvrirez cette mosaïque, du grec Μοῦσα, la muse, les mosaïques ornant à l’origine les grottes dédiées aux muses..
Vous y verrez des symboles paléochrétiens — c’est-à-dire issus des premiers siècles du christianisme. La chance vous sourit à nouveau, ces motifs nous permettent de réviser ensemble 8 lettres sur 24 : – l’alpha Aα et l’oméga Ωω, premières et dernières lettres de l’alphabet grec : commencement et fin de toute chose, et c’est Dieu lui-même qui se décrit ainsi dans l’Apocalypse.
-le khi Χχ et le rho Ρρ, réunis dans le chrisme, symbole du Christ ; monogramme constitué des deux premières lettres du mot Χριστός;
-et le poisson, ΙΧΘΥΣ, ichtus, acrostiche de « Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur ».
Vous reconnaîtrez aussi d’autres motifs dont Madame Bernard vous a parlé : le pain pour le corps du christ ou la multiplication des pains, la grappe de raisin pour le vin, sang du christ, la colombe, symbole de paix et du saint esprit, les fleurs de lys, dont les 3 pétales représentent la sainte trinité…
Mais plus encore que les symboles, c’est le sens de cette œuvre — et de ses trois sœurs — qui compte.
J’emprunte donc les mots de Thucydide : κτῆμα ἐς αἰεί, un bien pour toujours, ou « un trésor pour l’éternité »… Cette mosaïque est en effet une richesse impérissable ! Après parfois treize années passées au Caousou, vous laissez ici, chers élèves, quelque chose qui ne s’effacera pas.
Et si les premières mosaïques connues datent du VIIIᵉ siècle avant J.-C., je suis convaincue que dans vingt-huit siècles, des archéologues du futur exhumeront vos œuvres… et salueront cette époque qui a vu naître tant d’esprits brillants — les vôtres, nos chers élèves.
Peut-être imagineront-ils les éclats de rire qui résonnaient alors dans ces couloirs… Peut-être devineront-ils l’émerveillement du jour du dévoilement… Peut-être reconstruiront-ils les heures passées à couper, tailler, ajuster patiemment chaque tesselle…
Et peut-être même qu’avant les archéologues du futur, dans seulement vingt ans, vous reviendrez ici…
Vous traverserez ces mêmes couloirs, vos propres enfants à la main.
Vous vous arrêterez devant cette mosaïque, un peu émus, et vous leur direz :
« Tu vois cette mosaïque ?… c’est nous qui l’avons faite. J’avais ton âge. On a passé des heures dessus. C’est une partie de notre histoire. »
Et vos enfants, les yeux grand ouverts, regarderont ces tesselles comme quelque chose de magique — parce que ce sera votre œuvre, à jamais inscrite dans la mémoire du Caousou… et vous supplieront de faire grec ancien ! Coup de chance, si mes calculs sont bons, je serai encore là !
Avant de dévoiler cette mosaïque, je tenais vraiment à remercier Gregoire Moine, sans qui rien n’aurait été possible ! Ad augusta per angusta, comme on dit ! Il aura fallu se battre pour qu’elle puisse voir le jour ! Merci infiniment à la Fondation du Caousou de l’avoir financée !
Merci aux garçons de tout avoir installé ! C’est grâce à vous si elle tient pour des siècles et des siècles !
Un grand merci à l’APEL, toujours là, qui vous offre une partie de ce beau buffet, concocté par la fille de Zorba, un fabuleux restaurant grec à Toulouse… et par les élèves et moi-même !
Un immense merci à Marianne Donon, notre talentueuse mosaïste… On a vécu une année bien douloureuse, et pourtant, en ressort une mosaïque plus belle que jamais ! merci à elle pour sa douceur, son rire, sa patience, son talent… j’espère de tout cœur qu’on pourra l’année prochaine continuer ce beau projet ensemble !
Un homme de goût me disait il y a peu, alors que je lui montrais nos belles mosaïques : « mais, il faudrait aussi paver tout le sol du cloître ! » Rappelons que la mosaïque, dans l’Antiquité, orne d’abord les sols avant de décorer les murs ! Et invitons la Fondation ou le Caousou à financer, pourquoi pas, une mosaïque monumentale !
Fanny C.
