C’est avec une grande émotion que les élèves de CM2/3 ont honoré deux anciens élèves du Caousou, morts pour la France pendant la guerre de 1870. Leurs noms figurent sur le monument aux morts dans le Forum du Collège.

La cérémonie a eu lieu le mardi 7 décembre en présence de M. MEZURE, ancien élève et président de l’Association Souvenir Français, M. de Scoraille, représentant le Maire de Toulouse, M. HOMBOURG, président d honneur d’une association franco-allemande et M. GOULUT, le directeur du Caousou.

Les élèves ont déposé une gerbe au pied du monument aux morts et pour la première fois ont entonné un Marseillaise vibrante dans ce lieu.

Un élève a eu la chance de porter le drapeau tricolore junior dans la tenue réglementaire.

Un beau moment pour chacun.

Paule LUMIA

 

Chers Elèves

Je suis un de vos Anciens. Nous voici réunis au Forum, place centrale publique d’échange à Rome. Ici, les Anciens dont les noms sont gravés sur les murs ne demandent qu’à nous parler. J’ai découvert cet endroit en octobre 1957. J’étais interne au Collège de l’Immaculée Conception Caousou. J’ai connu celles qui seront, je l’espère, vos futures classes dans ce que nous appelions le Grand Collège. Pendant l’hiver 1958, il faisait trop froid pour rester dans nos cours de récréation et nous avons pris le chaud dans les cloitres. Ainsi j’ai découvert ce monument. Pendant 10 ans je suis passé au moins six fois par jour, en rangs, en silence, devant cet ensemble de stèles regroupant ceux qui sont morts pour la Patrie et pour la France. Pensez que le Caousou est le seul établissement scolaire en Haute-Garonne à posséder un tel monument commémoratif commençant par l’année 1870.

Au bout du grand couloir, se trouve le quartier Saint Cyr ; tous les noms que vous pouvez lire ont fait la terminale et préparé les concours des Grandes Ecoles dont  St Cyr avec 75 % de réussite.

Parmi les futurs St Cyriens, anciens du Caousou et de Ginette à Versailles, citons un premier nom, Auguste de Nyvenheim. Les professeurs issus des Jésuites organisaient des visites dans Toulouse chez les plus démunis. Chacun amenait une aumône. Elève, il y participait. Un jour, il décida, en guise d’aumône, d’acheter une grosse et lourde meule de pain. Alors qu’on le voyait, gêné pour la transporter, il répondit « je vais faire un heureux ». Quelques années plus tard il sauvait une personne d’une maison en flamme ; plus tard il se fit remarquer comme jeune officier en plongeant dans un cours d’eau pour sauver de la noyade un soldat. Le 16 août 1870, nommé capitaine de lanciers, il se trouve à Gravelotte et reproche qu’en raison de sa jeunesse (29 ans) on l’empêche de se battre en première ligne. En réalité, son frère vient de mourir au combat, lardé de coups de sabre, mais il ne le sait pas. Obstiné, il obtient l’autorisation et entraîne ses cavaliers dans une charge contre les Prussiens, quatre fois supérieur en nombre. Puis il disparut, au milieu d’un tourbillon de poussière. La moitié du régiment ne revint pas. Ses soldats retrouvent sur le champ de bataille, le pauvre Auguste qui avait été frappé d’un coup de lance à la gorge et atteint d’un coup de feu à la jambe, puis désarçonné, les côtes enfoncées sous le piétinement des chevaux. Quelques jours plus tard la gangrène l’emporta.

Un deuxième personnage, Henry d’Adhémar de Cransac, est sorti de Polytechnique, à 22 ans. Depuis le mois de juillet 1870, il participe à tous les combats pour défendre Metz. Il se plaint en regardant les blessés de son unité de n’avoir aucune égratignure. Il est à quelques kilomètres de Metz à Gravelotte ; c’est le 15 août. Il est admiratif du courage de ses subordonnés « nos soldats se battent avec un entrain et une énergie admirables » écrit-il. Le 16 août, il faisait sourire ses camarades par son entrain, ses mots d’esprit, donnait toujours un mot de réconfort à ses hommes et s’il les voyait souffrir, les encourageait plein de sollicitude. Volontaire pour porter un ordre urgent sous le feu ennemi, le Capitaine Adhémar de Cranssac est frappé par une balle. Resté immobile sur son cheval, il est frappé par la mitraille qui le fauche et le désarçonne. Lui aussi nous quitte un 16 août.

Ces élèves, nos Anciens, nous apprennent le sens du service, le devoir, l’humanisme et la fraternité.

Demain, 8 décembre, c’était , pour nous, l’une des deux fêtes de ce Collège. Nous nous rendions tous à Lourdes puisque Le Caousou fut le premier, dans l’Histoire, à en organiser les pèlerinages. Il a d’ailleurs, dans ses fondations, un morceau de la grotte. Auguste et Henry y sont allés, comme moi. Nul doute que l’enseignement de St Ignace était présent chez eux .

Chez saint Ignace, sept attitudes sont nécessaires pour un discernement authentique, Auguste et Henry ont su en faire usage :

Décider sans idées préconçues.
Comprendre  les autres.
Dire ce qui doit être dit.
Aller droit au but et ne pas utiliser de détours.
Réfléchir, méditer et prier pour influencer nos points de vue sur tout.
Définir ses priorités pour une bonne raison ou pour la bonne fin.
Ne pas confondre la fin et les moyens pour nous conduire davantage à la fin pour laquelle l’homme est créé.

Grièvement blessé par un boulet de canon, le capitaine Ignace de Loyola a su, en créant La Compagnie de Jésus, insuffler à tous ceux qui y sont élèves un esprit unique, celui de la Foi dans le dépassement de soi

Les noms que vous pouvez lire ont chacun une histoire dans laquelle se retrouve l’âme du Caousou.

A nous de réveiller le Souvenir car Dieu nous donné l’Immortalité à l’âme dès notre naissance. A nos Anciens, la vie éternelles car « Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » écrivait Saint Jean 11,26

AD MAJOREM DEI GLORIAM

Jean-Pierre MEZURE – Promotion 1967