2ème prix : Natanaël FABRE

 

Pour l’art de ne rien faire, l’affaire est de commencer,
Car parler de ne rien faire, c’est risquer… de ne pas en faire assez.
Après tout, ne dire mot, c’est maudire une langue écrite pour déclamer.
Dans un monde où l’on juge, on swipe, on like sans cesse, rester immobile, c’est déjà une prouesse.
Car au fond, ne rien faire, ce n’est pas fuir, c’est choisir. Et parfois, choisir le calme, c’est un art à saisir.
On me provoque, je me tais.
On me pousse, je reste en paix.
On m’attend au tournant, je n’arrive jamais.
Suis-je lâche ? Ou bien libre ?
Car ne rien faire, ce n’est pas fuir.
C’est choisir ses pas, ses guerres, ses soupirs.
Ce n’est pas renoncer, mais différer.
C’est regarder tomber l’orage sans jamais le provoquer.
C’est laisser le bruit des vagues se casser sur le rivage,
Et garder intact le cœur du paysage.
Mais il faut parfois laisser les rimes s’asseoir,
pour que les idées se lèvent.
Alors, un instant, je pose les vers.
J’abandonne la cadence…
pour mieux trouver le sens.
Car oui, parfois, la plus grande révolte,
c’est de ne pas suivre le rythme.
De refuser la marche, de s’asseoir quand tout le monde court.
De couper le son dans un monde qui bat trop vite.
Pensez vous que le silence est vide ?
Qu’il est absence, qu’il est manque ?
Il est tout l’inverse.
Il est rempli de ce que je n’ose pas dire,
De mes pensées de crabe ou de tabouret de bonheur ou de liberté,
Le silence, c’est mon intérieur qui parle sans s’exprimer.
Ne rien faire, ce n’est pas fuir… ni s’effacer.
C’est affirmer qu’on n’est pas obligé de faire comme tout le monde.
C’est réapprendre à faire par soi-même. Et pour soi.
Mais voilà que le souffle prend forme, et dans ce calme retrouvé…
les rimes reviennent, comme un battement qu’on reconnaît.
Non, ne rien faire, ce n’est pas fuir.
Mais ce n’est pas non plus tout laisser tout passer.
Car tout n’est pas bon à prendre,
Et surtout, pas facile a encaisser.
Vous savez, on ne guérit pas toujours en agissant.
Parfois, c’est en posant le fardeau qu’on vit pleinement
Le corps a ses limites, l’esprit ses soucis.
Il faut du temps pour que les plaies peu à peu soient guéries.
Du silence pour que les battements retrouvent leur harmonie.
Ne rien faire, c’est se rappeler qu’on n’est pas une machine,
Qu’on a le droit, parfois, d’éteindre la vitrine,
De vivre sans montrer, sans paraître,
D’exister un instant, sans jamais n’avoir de maître.
Et puis il y a ce rien, ce rien que je feins,
Quand les coups tombent mais que personne ne dit rien.
Ce masque calme que je porte en classe,
Quand les moqueries passent et me lassent.
Alors je feins l’indifférence pour ne pas pleurer,
me tait surtout, pour ne pas m’écrouler.
Mais autour, le silence des autres en dit long,
Les rires complices, les regards qui tournent en rond.
Ne rien faire, là, devient une faute, un affront.
Ici ; le rien est un abandon.
Alors, non, ne rien faire ce n est pas fuir,
Ca peut être une arme ou une reddition,
Une force; une démission.
C’est tout l’art du discernement.
Choisir quand on s’élève ou quand on attend,
Quand on agit; quand on suspend.
Et maintenant, après tout ce que je vous ai dit… ne faites rien. Laissez ce silence s’installer, laissez vos pensées vagabonder, et vous verrez, parfois, ne rien faire, c’est déjà bien assez
Parce que le vide, ce n’est pas le néant c’est l’espace pour penser.
Et le rien, ce n’est pas la fin c’est juste le temps de commencer.